Le Rwanda en échange à Madagascar pour l’éducation (4/4)

Après avoir interrogé différentes parties prenantes dans les volets précédents, c’est au tour de Nelson Baechler, envoyé de DM au Rwanda, de prendre la parole afin de conclure cette série au sujet de cette semaine d’échanges à Madagascar sur les questions éducatives.

C’est un plaisir de vous faire part aujourd’hui de mes propres impressions. Cet échange d’expériences entre Rwandais.es, Malgaches et envoyé.es suisses a été avant tout un grand moment d’interculturalité. Après six mois au Rwanda, j’ai découvert sur la Grande île un tout autre pan de l’Afrique. D’ailleurs, comme le disent si bien les Malgaches, Madagascar n’est pas vraiment l’Afrique. J’ai été marqué par la chaleur de ce peuple, les sourires, le tutoiement rapide ; par la pauvreté aussi, la quasi-absence de l’État et le contraste encore plus saisissant qu’au Rwanda entre riches et pauvres, ou plutôt entre privilèges et normalité.

Le rapport à la religion est également très différent entre ces deux pays. Au Rwanda, il ne reste presque aucune trace vivante de la religion traditionnelle précoloniale. Dans les cas exceptionnels où cet héritage séculaire subsiste, il est largement condamné par la majorité chrétienne, et ses rares adeptes pratiquent généralement en secret pour éviter l’ostracisation.

À Madagascar, la colonisation et l’évangélisation n’ont pas complétement effacé la religion traditionnelle. Nombre de fervent.es chrétien.nes pratiquent un syncrétisme accordant une importance considérable aux croyances précoloniales, ce que l’Église de Jésus-Christ à Madagascar (FJKM) m’a donné l’impression de regretter.

Au-delà de l’apprentissage interculturel, l’atelier a été une source d’inspiration. En amont, il a encouragé mes collègues de l’Église presbytérienne au Rwanda (EPR) à s’intéresser davantage aux échanges que j’avais initiés quelques mois auparavant avec les envoyé.es suisses à Madagascar. L’atelier en lui-même a ensuite permis d’approfondir ces échanges et d’aborder de nombreuses autres questions avec une vision plus globale. Nous avons pu esquisser ensemble quelques pistes de solutions mais l’apport principal de l’atelier demeurera selon moi d’avoir su impliquer et motiver les collaboratrices et collaborateurs de l’EPR et de la FJKM. J’espère que cela se traduira par une nouvelle dynamique capable de booster les programmes au Rwanda et à Madagascar.