Séminaire d’islamologie à l’institut Al Mowafaqa au Maroc (1/2)

L’opportunité d’aller à l’institut Al Mowafaqa au Maroc pour faire un échange interculturel et interreligieux a été offerte par DM à deux chrétien.ne.s qui témoignent de leur expérience. Natalie Henchoz nous partage que « la peur de l’inconnu est le moteur de tous les replis identitaires et de tous les intégrismes autant musulmans que chrétiens d’ailleurs. Nous avons cruellement besoin dans notre monde aujourd’hui, et dans notre pays, d’hommes et de femmes de bonne volonté, capables d’être des traits d’union entre les religions. »

Comment en êtes-vous venue à participer à ce séminaire ?

Depuis que je suis aumônière en milieu pénitentiaire, je rencontre évidemment régulièrement des détenu.e.s musulman.e.s, mais aussi l’imam qui vient pour la prière du vendredi et avec qui je collabore lors d’une journée interreligieuse. Puis il y a eu cette enquête menée par le Centre Islam et Société de Fribourg autour des conversions à l’islam en prison. Les discussions avec la chercheuse en charge de l’enquête au niveau suisse m’ont permis de réaliser à quel point ce que je savais de cette religion n’était que partiel et parfois plein de préjugés.

J’en étais à me procurer « L’Islam pour les nuls » lorsque qu’un mail du directeur de DM me passe sous les yeux : il m’était demandé de partager avec mes collègues aumôniers une offre de bourse pour une formation en islamologie au Maroc. J’ai sauté sur l’occasion de cette incroyable opportunité !

Vous avez trouvé ce séminaire riche. En quoi l’était-il à vos yeux ?

En effet, ce séminaire était riche. Richesse de la formation d’abord, avec des professeurs de qualité : j’ai reçu là une base solide sur laquelle m’appuyer lors de collaborations avec des musulmans. Richesse du groupe aussi : seize nationalités et autant de professions et lieux de travail différents, quelle stimulation pour les échanges et les visions du monde ! Richesse des visites culturelles inclues dans la formation, qui nous ont permis de faire des liens entre les apports théoriques reçus, l’histoire et la culture du Maroc et le quotidien des gens du cru. Richesse du lieu aussi, car l’institut Al Mowafaqa est un petit miracle en soi : un centre de formation chrétien en milieu musulman, qui offre des formations en théologie (mais pas que) pour des futures pasteurs et prêtres (donc œcuménique aussi) et qui est si petit qu’on s’y sent tout de suite en famille.

Quelle image retenez-vous du séminaire ?

Si je devais retenir une seule image, ce serait celle de ce guide musulman et originaire de Fès qui tout naturellement fait une accolade à un étudiant de l’institut, chrétien et subsaharien, lors de notre tour de ville. Quand il y a dialogue et ouverture d’esprit, il peut y avoir fraternité et quand il y a fraternité, tous les espoirs sont permis.