Le Rwanda en échange à Madagascar pour l’éducation (3/4)

Pour le troisième volet de cette série, Nelson Baechler (envoyé DM au Rwanda) a interviewé Aline Bartholdi, envoyée de DM à Madagascar avec sa famille, afin qu’elle nous partage son expérience. En effet, les envoyé.es DM concerné.es par le secteur éducatif étaient également présent.es à l’atelier tenu à Antananarivo en avril dernier.

Quelles étaient tes attentes pour cet échange ?

Lorsqu’on est envoyé.e dans un pays du Sud, comme moi à Madagascar, on découvre une réalité différente de la Suisse, un fonctionnement différent. Mais ce n’est pas toujours facile de savoir ce qui est lié à la culture du pays,  au programme, aux personnes qui le portent. Et surtout comment réussir à améliorer les pratiques pour mieux atteindre les objectifs.

Les solutions que nous envisagerions en Suisse ne sont pas toujours adéquates. Échanger avec des Rwandais.es permet d’avoir un autre regard sur notre programme, un regard Sud-Sud, avec des réalités plus proches et donc, peut-être, des solutions plus adaptées.

Qu’est-ce qui t’a le plus marquée dans les échanges ?

Les participant.es malgaches et rwandais.es étaient très intéressé.es par tout ce qui se fait chez l’autre et impressionné.es par les réalisations. Cela donne beaucoup d’idées et l’envie de mener de nouvelles activités.

Nous avons aussi pu échanger sur les difficultés rencontrées, et même si ce n’était pas facile au départ, oser parler de nos échecs. Néanmoins, les causes des échecs ne sont souvent pas étudiées en détails. Par exemple, à Madagascar, nous avons un problème de communication avec certaines écoles. La cause avancée est le manque de réseau (téléphonique et internet), ce qui joue certainement un rôle mais n’est à mon avis pas le principal problème. Le problème de fond est plutôt le manque de temps des acteur.trices, ce qui est plus difficile à avouer. Ainsi, on préfère retenir une cause externe à laquelle on ne peut rien faire.

Quelles sont les différences entre Madagascar et le Rwanda ?

Le Rwanda est un pays avec un système de contrôle très fort, notamment parce que les écoles sont subventionnées par l’État. Les directeur.trices doivent visiter régulièrement les enseignant.es et remplir des rapports, il y a des visites d’inspections régulières. À Madagascar, cela manque cruellement, les enseignant.es sont plutôt livré.es à eux-mêmes.

Toutefois, la mise en place d’un suivi des enseignant.es ne garantit pas qu’il soit pertinent et adapté. Nous avons constaté que lorsqu’on impose des visites ou des suivis, cela peut conduire à des remarques inadaptées voire contre-productives et parfois entretenir un climat de peur.

Donc, pour améliorer la qualité de l’éducation, il est indispensable de mettre en place une confiance partagée avec les enseignant.es et un suivi régulier positif.